LIBER MEMORIALIS
Je ne vous ferai pas l'outrage de traduire ce titre sous lequel l'on
retrouve, dans les archives paroissiales, un peu de l'histoire qu'il m'a paru
intéressant de vous relater même si, avec le temps, le récit d'anciens curés
de notre village est, soit devenu parfois un peu naïf, soit contient des propos
révélateurs de situation dont la gravité à l'époque n'a d'égal que notre
sourire d'aujourd'hui.
Sous le titre : «Un siècle d'histoire de la vie religieuse d'Ernage», l'abbé
Léon WAUTHY qui fut curé d'Ernage de 1933 à 1947 écrit que «le ministère
des curés d'Ernage fut de tout temps payé de la plus noire ingratitude, sans
que jamais ils puissent compter sur l'appui des bons paroissiens».
De l'abbé ROSEN (1841-1888) dont nous ne trouvons aucun récit, l'abbé WAUTHY
relate que c'était un «prêtre pieux et dévoué.»
Pour le récompenser de 47 ans de dévouement, il fut attrait au tribunal par la
famille ...x... De découragement, il prit sa retraite à «(Gembloux)».
De l'abbé BERTRAND (1888-1908) dont nous ne trouvons non plus aucun réçit,
Léon WAUTHY rappelle que ce fut un «prêtre très instruit et d'une très
grande éducation, qu'il eut à souffrir d'un clan assez nombreux de ses
paroissiens qui paralysaient complètement son ministère. Vu sa grande
sensibilité, il souffrit beaucoup à Ernage et pris sa retraite prématurément
à Bovesse».
De l'abbé RENARD (1908-1917), l'abbé WAUTHY écrit que c'était un «prêtre
très pieux, très actif et aussi très énergique qui eut à lutter pendant
neuf ans contre le socialisme naissant qui ruinait l'esprit religieux de la
paroisse. Jamais, il ne fut soutenu par les éléments les meilleurs de la
paroisse. Aussi disparut-il d'Ernage comme un étranger, n'emportant aucune
sympathie, ni aucun souvenir consolant de ses paroissiens».
L'abbé RENARD nous retrace lui-même les événements importants qui ont
sillonné son ministère. C'est lui qui intitule son réçit :
«Liber Mémorialis»
«Paroisse d'Ernage - Doyenné de Gembloux»
Octobre 1908
Rétroactes - En 1895, réfection du toit de l'église et du plafonnage de la
grande nef.
En 1908, changement de curé, départ de Monsieur l'abbé Louis BERTRAND
antérieurement curé à Falaën, professeur au collège de Bellevue à Dinant,
vicaire de Sart Bernard.
Après 20 ans de séjour dans la paroisse d'Ernage, ce prêtre prend sa retraite
dans la paroisse de Saint-Denis.
Il est remplacé par l'auteur de ces notes, l'abbé Emile RENARD, professeur
antérieurement, pendant 10 années, au collège de Bellevue à Dinant.
Le presbytère est entièrement restauré (3.400 F. de dépenses).
En 1909 (juillet-août), décoration de l'église.
En 1909 (15 août), prémices de Monsieur l'abbé Emile NOEL d'Ernage.
En 1910 (janvier), mission donnée par deux prêtres récollets, le R.P. GEORGES
et le R.P. BAUDOUIN.
Fondation de la Ligue des mères chrétiennes, de l'Association du Chemin de la
Croix pour les défunts.
Réorganisation de l'Association de l'adoration perpétuelle.
Nouvelle érection du Chemin de la Croix.
Les exercices de la mission ont été suivis par presque tous les paroissiens,
mais les communions n'ont pas été en nombre suffisant.
En 1910 (octobre), érection de la nouvelle école gardienne et du patronage y
annexé, patronage pour jeunes gens remplacé, après quelques mois, par un
patronage pour jeunes garçons, les jeunes gens se pliant mal à un règlement
pourtant très large. On espère arriver petit à petit à un cercle de jeunes
gens plus âgés.
En 1911, fondation de l'école d'adultes pour filles dans les locaux de l'école
gardienne.
Obtention des subsides de l'Etat, de la Province, de la Commune (200 F) pour
l'école gardienne. Subsides de l'Etat et de la Province pour l'école
d'adultes.
En 1912, le Conseil Communal, devenu en majorité anticlérical, par suite de
dissentiments d'ordre personnel entre les catholiques du village, supprime le
subside communal à l'école gardienne libre tenue par Mademoiselle Céleste
NOEL, institutrice primaire diplômée de Champion. Un secours extraordinaire
est obtenu de la Députation Permanente de Namur, à l'intervention de Monsieur
Jules DEWEZ, conseiller provincial qui, ayant pris son domicile fictif à
Ernage, s'intéresse, dès ce moment, aux affaires de la paroisse.
En 1912 (15 juin), fête de l'Adoration après un triduum eucharistique. Le R.P.
JADOUL S.J. fonde l'association de la communion mensuelle pour hommes,
l'association de la communion hebdomadaire pour femmes, la garde d'honneur
(communion quotidienne) pour enfants.
En 1913 (27 et 28 mai), visite de la paroisse par Monseigneur l'Evêque de
Namur, Thomas, Louis HEYLEN qui vient administrer le sacrement de confirmation
aux enfants d'Ernage, Sauvenière, Corroy-le-Château, Grand-Leez, Les Isnes,
Beuzet. Fêtes de la réception épiscopale. Toute la population y prend part,
sauf une seule abstention. Le 28 mai, au soir, un feu d'artifice, dont les frais
sont supportés par Monsieur Jules DEWEZ, clôture les festivités. Il y avait
quarante années qu'Ernage n'avait plus reçu la visite de l'évêque du
diocèse.
En 1914, le 20 août, vive alerte à l'arrivée des troupes allemandes. Dieu
aidant, la paroisse n'a à souffrir que de multiples réquisitions. Ni mort
d'homme, ni incendie».
Ici prennent fin les notes de l'abbé RENARD. Elles sont suivies sans aucune
transition par celles de l'abbé DEHAES .
De l'abbé DEHAES (1917-1933) auquel il succéda, l'abbé WAUTHY écrit que ce
fut un «prêtre très pieux, dévoué à tous, d'un caractère timide. Il
quitta la paroisse après une campagne de dénigrement éhontée, sans avoir
été soutenu par aucun de ses meilleurs amis qui connaissaient parfaitement son
innocence».
J'avais personnellement huit ans lorsque Mr. le curé DEHAES quitta la paroisse.
Je me souviens seulement de son exquise gentillesse : j'étais trop jeune pour
me soucier de quelqu'intrigue à son sujet mais, un peu plus tard, l'on parlait
encore de la démarche «scandaleuse» qui avait entraîné son départ et l'on
citait un nom qu'il est trop tôt de rappeler aujourd'hui.
L'abbé DEHAES nous rappelle, lui-même, les événements de son ministère.
«Le 4 novembre 1916, Mr. l'abbé RENARD a été promu au décanat de Havelange,
laissant d'unanimes regrets dans la paroisse d'Ernage. Le même jour, a été
nommé à la cure d'Ernage, l'abbé Jean DEHAES, chanoine-prémontré de
l'Abbaye du Parc, ancien vicaire de Havelange et, depuis neuf ans, curé à
Tillier, doyenné de Leuze-Longchamps.
Je suis arrivé le 22 novembre, jour de la réquisition des hommes à Gembloux.
Toute la paroisse était en peine ; 57 de mes paroissiens furent déportés ce
jour en Allemagne.
Le 31 décembre, j'ai été installé par Mr. le Doyen de Gembloux. La
population s'est très bien montrée à cette occasion.
Au mois de février 1917, près de 250 réfugiés français sont arrivés à
Ernage. La grandeur Monseigneur HEYLEN, Evèque de Namur, leur a fait visite.
Quelques enfants français ont fait leur première communion privée et
solennelle à Ernage.
Le premier dimanche d'octobre 1919, bénédiction de la plaque commémorative
érigée à l'église en souvenir des soldats et déportés d'Ernage morts
pendant la guerre. Sermon par le R.P. COLMANT P.J. Messe solennelle à laquelle
ont assisté les soldats et 58 déportés d'Ernage. Cortège avant la messe et
après les vêpres. Réception à la maison communale, etc... fête bien
réussie.
Le 18 janvier 1920, ouverture de la grande mission prêchée par les R.R.P.P.
BRAHY et THEUNISSEN des Oblats de Marie. Très belle mission, bien suivie, tous
les soirs église comble, quelques heureux retours. La mission fut clôturée le
29 par un salut solennel et la procession à laquelle assistèrent presque tous
les hommes de la paroisse.
Le 16 janvier 1921, renouvellement de la mission par le R.P. BRAHY, jusqu'au 24.
Sermons bien suivis. Communions assez nombreuses.
Cette année, le presbytère a été complètement restauré à l'intérieur, de
même que les toitures du presbytère, église et clocher.
Le 16 août 1925, Congrès eucharistique régional à Ernage ; plus de 2.000
hommes dans le cortège. Toutes les maisons et rues étaient richement
décorées. Seulement quatre exceptions. Le congrès était présidé par
Monsieur le Vicaire Général DEBOIS qui, le matin, a érigé canoniquement la
«Ligue du T.S. Sacrement».
Grand'messe par Mr. le Doyen de Gembloux, avec assistance pontificale de Mgr
NOLS, révérendissime Abbé du Parc.
Plus de cent arcs de triomphe, fête magnifiquement réussie sous tous les
rapports. La paroisse s'est montrée très généreuse pour couvrir les frais du
congrès.
Fondation, en 25, de la «Ligue des femmes chrétiennes», de la «Société de
secours mutuel féminin» et de la société dramatique «Cercle St. Joseph»
pour jeunes gens.
Du 19 au 29 janvier 1930, grande mission prêchée par les R.R.P.P. L. HERMANT
et L. HAILLIEZ, Oblats de Marie. Grand succès, tous les soirs église comble,
nombreuses communions, magnifiques cérémonies et superbes illuminations grâce
au talent du R.P. HAILLIEZ.
L'église a été repeinte à la fin de 1929 par Mr. RASION de Rochefort.
Quoique simple, elle est très belle.»
Si l'abbé WAUTHY résume brièvement les circonstances dans lesquelles ses
prédécesseurs exercèrent leur ministère dans la paroisse, l'on ne trouve pas
à son sujet semblable mémento vraisemblablement pour la raison suivante.
Tombé malade à la fin de sa vie, il était tellement épuisé qu'il se
traînait véritablement à l'autel pour y célébrer la messe ou pour y mourir
selon son voeu le plus cher.
Il décéda le 12 janvier 1946, me précise José MAUIENT, mais, dès l'automne
1945, vu son état de santé, il dut être remplacé pour la célébration des
offices par l'abbé LEGRAIN qui assura l'intérim jusqu'à la nomination de
l'abbé Alexandre RENSON comme curé d'Ernage, début 1947.
Voilà peut-être la raison pour laquelle il échappa, à l'abbé LEGRAIN comme
à l'abbé RENSON, de rendre un quelconque hommage à l'abbé WAUTHY.
Des «anciens», acerbes dans leur jugement, diront que WAUTHY était méchant
et que c'est la raison du silence de ses confrères.
Méchant ? Est-ce parce qu'à l'occasion de la fête annuelle du mois d'août,
il éclatait dans ses mémorables réquisitoires contre les «fameux pontons»
qu'il considérait comme des «lieux de perdition de la vertu de la jeunesse»!
Allons donc ! Certes, dans son jugement et dans ses propos, y avait-il cette
démesure due à l'émoi d'une grandeur d'âme peu commune liée à un
tempérament impulsif. De ces «débordements', il y avait plus de raison de
rire que de se vexer, mais les détracteurs ont beau jeu. S'ils ne sont pas
convaincus, qu'ils veuillent bien se souvenir qu'à la libération, plus d'un
Ernageois, qu'ils fussent croyants ou non, pratiquants ou non, durent aux
démarches de l'abbé WAUTHY leur réhabilitation dans la société, après
avoir été confrontés à de graves problèmes judiciaires.
Mais le but n'est pas ici de faire la biographie de l'abbé WAUTHY, mais de lire
ci-après tout ce qui s'est réalisé durant son ministère.
Il écrit.
«Monsieur l'abbé DEHAES est nommé curé à Eghezée, le 9 septembre 1933.
Prêtre pieux et d'une bonté proverbiale, il laisse beaucoup de regret dans les
familles chrétiennes de la paroisse. Toutefois, certaines nominations
d'instituteur et institutrice lui ont aliéné certaines sympathies tant en
divisant les catholiques et amenant une majorité socialiste au conseil
communal, aux élections de novembre 1932. Le même jour, 9 septembre 1933, la
cure d'Ernage est offerte à Monsieur l'abbé WAUTHY, curé de Profondeville
pendant 13 ans et précédemment, curé à Wavreille pendant 9 ans, curé à
Porcheresse-Condroz pendant 6 ans et enfin vicaire de St-Loup à Namur pendant 5
ans.
Le 12 septembre, il accepte la cure d'Ernage. Il y arrive définitivement le 27
septembre. Il est installé canoniquement par Monsieur le Doyen de Gembloux, son
condisciple, Monsieur l'abbé LAURENT, le 8 octobre à 3 heures. Il était
accompagné, comme témoin, par Messieurs les curés de Cortil et de
Sauvenière.
Toute la paroisse chrétienne assistait à cette cérémonie.
Des belles oeuvres existantes du temps de mes prédécesseurs, je ne trouve à
peu près rien. La confrérie des hommes du St Sacrement comprend 12 membres. La
ligue des femmes chrétiennes vivote assez pour ne pas mourir. La communion
quotidienne des enfants et des grands n'existe plus. Deux ou trois personnes à
peine assistent à la messe quotidienne ; quelques communions les dimanches
ordinaires. La fête de la Toussaint a été le premier événement religieux
marquant ; 500 à 600 personnes assistaient aux vêpres et la procession au
cimetière. Il y a eu 300 communions pour ces fêtes. Mon premier objectif a
été de relever la confrérie de N.D. de la Bonne Mort comprenant 301 membres
en 1878 et disparue complètement depuis de très nombreuses années. La note
générale à mon arrivée est plutôt l'indifférence religieuse tant au point
de vue de l'assistance à la messe le dimanche que pour Pâques. Un bon nombre
travaillent régulièrement le dimanche. Il y a du bien à faire, mais ce sera
long.
L'intérieur du presbytère a été restauré à peu près complètement à mon
arrivée en octobre 1933 par la majorité socialiste. Les Pâques de 1934 ont
été plutôt consolantes : plus de 500 personnes se sont approchées des
sacrements, mais un certain nombre ont déserté la messe du dimanche, dès le
dimanche suivant. On dirait qu'il y a un ralentissement marqué dans le travail
du dimanche».
Dans les lignes qui suivent, l'abbé WAUTHY nous relate les travaux effectués
à l'église en 1937.
Les vitraux
Depuis de nombreuses années, tous les curés d'Ernage avaient constaté le
mauvais état des fenêtres de l'église qui dataient de plusieurs siècles.
Elles étaient devenues de véritables passoires laissant entrer le vent de
toutes les directions. Mr. l'abbé WAUTHY, curé de la paroisse, s'en ouvrit à
ses paroissiens dans ses souhaits de nouvel an. Il leur annonça qu'il allait
faire la visite de toutes les familles pour solliciter leur générosité en
faveur de leur pauvre église. A part quelques rares familles socialistes
sectaires, tous voulurent contribuer à cet important travail qui fut confié à
Mr. BOLDINI, spécialiste de vitraux à Namur. Les 15 fenêtres furent
remplacées par 15 vitraux pour le prix de 8.60 francs. De nouveaux ventilateurs
furent placés par Mr. HENRY, ferronnier d'art à Salzinnes pour le prix de 500
francs.
Les sacristies
Comme il fallait réparer les brèches faites par la pose des vitraux, Mr.
l'abbé WAUTHY en profita pour réparer les deux sacristies qui tombaient
d'humidité. Joseph BRABANT plaça un enduit hydrofuge et repeignit les armoires
pour le prix de 630 francs.
Porte d'entrée
La porte d'entrée étant en très mauvais état et demandant une réparation
très importante ; elle était plutôt une porte de grange qu'une porte
d'église. Mr. l'abbé WAUTHY décida de la remplacer. Elle fut mise pour la
fête de Pâques et contre 1.070 francs.
Harmonium
L'harmonium acheté il y a 70 ans n'avait jamais reçu la visite de l'accordeur
et menaçait de devenir muet. Mr. GUILLAUME est venu le remettre en état sur
place pour le prix de 150 francs, le 9 avril 1937.
Poêle
Tout dans l'église souffrait de l'humidité : on allumait le feu pour le
dimanche seulement. L'église étant hermétiquement fermée maintenant par les
nouvelles fenêtres, Mr. l'abbé WAUTHY acheta, à Bruxelles, un nouveau poêle
à feu continu pour remplacer celui qui fonctionnait depuis 20 ans et qui, à
cette époque, avait été acheté de rencontre pour la somme de 20 francs.
Ce nouveau poêle a coûté 2.650 francs.
La voûte de l'église
La voûte de l'église était un danger ; à deux endroits le plâtras était
tombé et menaçait ceux qui assistaient aux offices. Pour éviter tout accident
regrettable, la commune ne voulant pas intervenir, Mr. l'abbé WAUTHY prit sur
lui cette restauration. Elle fut confiée à Mr. G. MANIAT, entrepreneur à
Wavre. La restauration de la voûte et sa peinture coûtèrent 3.200 francs et
dura deux mois et demi.
Lampe
La vieille lampe du choeur étant en très mauvais état et impossible à
réparer, sans grand frais, l'abbé WAUTHY en acheta une nouvelle sur pied à
Liège, chez Mr. AFCHAIN pour le prix de 575 francs.
Ornements sacrés
Comme tout le reste, les ornements sacrés étaient, pour la plupart usés et
déchirés. L'abbé WAUTHY acheta, en 1938, une chape rouge pour 550 francs, une
chape verte pour 550 francs, un ornement blanc pour la messe pour 460 francs et
un ornement noir pour 460 francs, un huméral blanc pour 250 francs, au total
pour 2.270 francs.
Catafalque et civière
Le catafalque commencé par Mr. l'abbé RENARD était toujours inachevé et peu
commode. Les vieux draps de morts étaient roux au lieu de noirs. Mr. l'abbé
WAUTHY, à la demande nombreux paroissiens, résolut de le rendre plus pratique
et de le terminer. Il remplaça les vieux draps de morts. Cette dépense s'est
élevée à la somme de 2.424 francs. En voici le détail. Achat d'un nouveau
drap de velours noir avec drap en croix d'or pour 1.185 francs. Fourniture de la
tenture noire : 600 francs. Transformation du catafalque et nouvelle civière
pour 483 francs, 24 bobèches en cuivre poli : 156 francs.
Missels
Le missel quotidien de la messe étant très vieux et manquant de beaucoup
d'offices nouveaux fut remplacé, par l'abbé WAUTHY, par un nouveau qui coûta
400 francs. Un nouveau missel des morts fut également acheté par lui pour 52
francs.
Chandeliers en cuivre
Les six chandeliers en cuivre furent achetés également par Mr. l'abbé WAUTHY,
pour le prix de 1.000 francs, à la maison AFCHAIN de Liège afin de remplacer
les vieux chandeliers en bois trop misérables pour les grandes fêtes.
Plateau et canons
On se servait, pour l'offrande, d'une assiette en étain ; elle fut remplacée
par un plateau en cuivre, pour 50 Francs. Les canons d'autels plus qu'ordinaires
furent également remplacés, pour les dimanches et fêtes, par de nouveau, pour
50 francs.»
En 1937, l'abbé WAUTHY dépensa, pour les besoins du culte et pour diverses
restaurations à l'église, une somme non négligeable de 34.613 francs. Il
apparaît manifestement qu'il voulut que la grande mission décennale qui devait
avoir lieu du 21 au 31 janvier 1938 fut célébrée dans les meilleures
conditions.
La grande mission décennale de 1938. Monsieur l'abbé WAUTHY nous retrace les
conditions dans lesquelles elle s'est déroulée.
«La grande mission décennale a eu lieu à Ernage du 21 au 31 janvier. Elle fut
prêchée par deux Pères Rédemptoristes, les R.P. COULIE et LEMMENS. Malgré
sa préparation de plusieurs mois, elle n'eut pas un succès extraordinaire. Il
y eut plusieurs motifs à cela.
1. La saison était très mal choisie, les saluts eurent lieu par une
température de 15 à 20 degrés sous zéro. Aussi, je déconseille à mes
successeurs de prendre encore le mois de janvier pour la mission. Sans doute,
toutes les chaises étaient occupées, mais un grand nombre de paroissiens
apportaient une brique chaude à l'église.
2. Une cinquantaine de jeunes gens étaient rappelés sous les armes à cause de
la tension entre l'Allemagne et la France.
3. Les sermons des prédicateurs étaient absolument trop longs, car ils
duraient une heure par une température excessive et cela, malgré mes instances
réitérées. Les cérémonies manquaient d'allant, surtout après les
magnifiques cérémonies des deux missions précédentes données par les Pères
Oblats.
4. Le mot d'ordre donné aux socialistes de ne pas venir à aucun exercice de la
mission. La procession de la Croix ne put avoir lieu, car il y avait, ce
dimanche 28 janvier, 30 à 40 centimètres de neige sur les routes.
Toutes ces raisons contrarièrent singulièrement le résultat de la mission.
Sans doute, elle fit du bien aux bons, mais, à l'exception d'un seul retour
sérieux, la masse resta indifférente.
La communion générale donna 237 communions. Un certain nombre de personnes qui
avaient suivi les exercices se contentèrent de la communion de Pâques qui
avait lieu le 24 mars.
Par contre, certains qui avaient communié à la mission ne firent pas leurs
Pâques. Il serait à souhaiter que la mission ait lieu pendant le carême et
put compter pour les Pâques. Les Pères établirent la croisade de prières en
l'honneur de Notre Dame du Perpétuel Secours. Elle comprenait environ 70 femmes
et semble bien partie. Souhaitons lui longue durée.»
Dans les lignes qui vont suivre l'abbé WAUTHY nous fait le récit des
événements de mai 40 à Ernage.
S'il est vrai que certains de ses propos ne sont pas rigoureusement conformes à
la réalité, n'oublions pas que l'histoire de ces événements fut connue,
assurément pas pendant les années d'occupation allemande, mais beaucoup plus
tard. Et encore, sommes-nous absolument sûrs que tous les témoignages
recueillis reflètent la stricte réalité !
Il faut plutôt rendre hommage avec beaucoup de condescendance à l'abbé WAUTHY
pour s'être donné la peine de nous laisser le seul récit rédigé à Ernage,
à l'époque où se produisirent les événements tragiques dont il est
question.
Voici le récit de l'abbé WAUTHY.
«La guerre, 10 mai 1940.
Les échos de la mission se faisaient encore entendre que s'y mêlait la voix du
canon. Brusquement, le 10 mai, à l'aube, les avions allemands, en masse
compacte, sillonnent le ciel de Belgique et la radio nous annonce, à 6 h 15 du
matin, que l'invasion de la Belgique par l'Allemagne est un fait accompli depuis
4 heures du matin. Les troupes françaises appelées par le Roi arrivent dans la
matinée du vendredi et avancent vers le canal Albert. Elles défilent toute la
journée du vendredi et du samedi, montant toujours vers le nord. Certains
détachements s'établissent à Ernage, comme seconde liste de défense.
Pentecôte 12 mai
Nous avions, ce jour-là, la communion solennelle des enfants. Quelle journée
d'épouvante ! Toute la matinée les avions allemands parcourent toute la
région de Gembloux semant partout leurs bombes. Au sermon de la grand'messe, le
bruit des bombes se rapproche tellement que la plupart des paroissiens, pris de
panique, se sauvent de l'église. L'après-midi, un court salut remplace les
belles cérémonies des vêpres ; très peu de monde d'ailleurs y assiste. Il
était temps. Vers 4 heures, trois bombes tombent près de la ligne de chemin de
fer et cinq près de la chaussée. Le bilan de ce bombardement nous donne un
colonel français tué, un soldat belge et une dame de Liège (1) également
tués et 7 blessés graves dont 6 français et un de mes enfants de choeur. Je
vais administrer ces malheureux. L'exode des gens du nord commence ; c'est
bientôt la panique qui gagne des villages entiers qui fuient devant l'invasion,
car le canal Albert est franchi et les troupes allemandes s'avancent dans notre
direction sans rencontrer beaucoup de résistance.
Lundi 13 mai
La voix du canon se fait entendre plus puissante parce que très rapprochée.
Les combats ont lieu à 15 kilomètres d'Ernage. La foule des réfugiés se fait
plus dense ; des attelages de toutes sortes passent sans discontinuer et se
dirigent vers la France. La contagion gagne mes paroissiens qui, eux aussi,
veulent fuir devant l'invasion. Je les rassure de mon mieux mais, vers 4 heures
de l'après-midi, les troupes françaises du front sont refoulées vers Ernage,
tandis que celles qui arrivent s'y établissent également. Un officier
français nous donne l'ordre de partir le soir même, car les combats sont
annoncés chez nous pour le lendemain soir au plus tard. Il y a à Ernage plus
ou moins 3000 soldats coloniaux qui vont s'efforcer d'enrayer l'avance
allemande. De fait, tandis que nous fuyons vers la France, à 10 heures du soir,
les combats commencent le mardi à 10 heures du matin.»
mon frèrVoici le récit de la façon dont Louis REGNIER et moi-même avons vécu cette
journée du 12 mai 1940.
Le dimanche 12 mai 1940, jour de la Pentecôte et de communion solennelle des
enfants, les cérémonies religieuses sont troublées par les vrombissements
sinistres des avions de reconnaissance ennemis de plus en plus nombreux dans le
ciel et dont le ronronnement particulier des moteurs nous met mal à l'aise,
nous faisant peser sur la tête une lourde menace.
Ainsi que le Général AYMES l'écrit, au sujet du matin du 14 mai « .... on
pressent l'imminence de l'attaque... », nous pressentons, à la fin de la
matinée du dimanche 12 mai, l'imminence du danger.
A proximité de la maison, en effet, à l'endroit dit «sur la place» est
rassemblé, pour surveiller le pont du chemin de fer, un groupe de soldats
belges que l'Aviation allemande a aisément repéré.
L'un ou l'autre Stuka pique, pour se rendre compte de plus près de la situation
et son hurlement sinistre nous épouvante à tel point que nous nous réfugions,
ma famille et celle invitée au déjeuner de communion dee, dans les
porcheries inoccupées à ce moment-là et dont les voûtes nous semblent
constituer un abri sûr, mais si dérisoire tout compte fait.
Une peur atroce au ventre, chacun de nous récite des prières à haute voix,
lorsque le Stuka revient, pique à nouveau, larguant cette fois une bombe qui
éclate au faîte d'un arbre du petit bosquet en face de la maison, blessant
mortellement le soldat GRAND HENRI de Sauvenière, réfugié sous le bosquet,
blessant Georges BERTRAND l'un de nos voisins proches, blessant mortellement une
dame évacuée de Liège et qui se reposait également à l'ombre du bosquet.
Toutes les vitres de la maison ont, bien entendu, volé en éclats, se
répandant notamment sur la table de la salle à manger dressée pour le
déjeuner de communion.
Il règne une odeur particulièrement âcre de feuillage déchiqueté dans
l'éclatement de la bombe allemande.
La fête, hélas, est bien finie ; chacun s'est enfui, de son côté, dans les
champs, à l'ombre d'un arbre ou haie, afin de se dissimuler, dans la mesure du
possible, à l'observation des avions allemands, lesquels, obsession
insupportable, ne cessent de tournoyer dans le ciel d'Ernage.
En fait, ils sont loin de s'occuper de nous, surveillant plutôt les mouvements
de la Section Vallier de la C.D.A.C. de Boissoudy dont les camions stationnent
dans la cour de la ferme DUPAIX, à l'Est de la Grand-Route et dans la ruelle
qui, derrière la ferme, relie la Grand-Route à la rue Balza.
A quelques mètres de la ruelle, à l'opposé de la ferme DUPAIX, aboutit le
jardin d'Omer REGNIER. Au bout du jardin, les REGNIER ont creusé
précipitemment une tranchée dans laquelle la famille et quelques voisins
terrés et tremblant de peur prient à haute voix, au milieu du vrombissement
infernal des Stukas qui tournoient et observent le rassemblement des camions
français.
Louis REGNIER raconte : «Le vacarme des avions était devenu insupportable et
nous pressentions que quelques chose allait se passer.
Comme il n'y avait plus de place pour moi dans la tranchée, je m'étais couché
derrière un groseillier dont les branches m'égratignaient le visage.
J'observais le tournoiement des avions, lorsque l'un d'entre eux se détachant
du groupe piqua droit sur nous. Je vis distinctement la chute des trois bombes
qui s'étaient détachées du Stuka, mais entre le moment où je vis ces bombes
et celui où je me rendis compte être toujours vivant après leur effroyable
déflagration, je n'eus pas le temps de penser à quoi que ce fût. Deux bombes
avaient atteint des camions français qui brûlaient comme des torches. Un
éclat avait blessé un soldat français à la mâchoire et le malheureux, dans
un bain de sang, hurlait de douleur et d'épouvante. La troisième bombe était
tombée dans le ruisseau derrière notre propriété.
En éclatant, elle avait creusé un énorme entonnoir. A plusieurs dizaines de
mètres à la ronde, les alentours étaient recouverts de boue.
Un peu plus tard dans l'après-midi, un avion avait lâché, en parachute, un
mannequin à la poursuite duquel un groupe de soldats français s'étaient
élancés à travers champs. Les Français qui, en rase campagne, constituaient
une cible idéale pour les mitrailleurs des avions allemands, ne s'étaient pas
rendu compte d'être tombés dans le piège. A un autre moment, avait été
largué par un avion allemand un chapelet de bombes incendiaires manifestement
destinées à la concentration des camions français, mais les bombes étaient
tombées loin du but, dans les prés situés au Nord-Est de la rue Balza. Comme
ces bombes fumaient au sol, le bétail tombait en arrêt devant elles, pour les
humer, mais le temps d'un éclair, il faisait subitement demi-tour et
s'enfuyait, affolé, la queue en l'air».
La ronde sinistre de l'aviation ennemie cessa tard dans la soirée.
Alors, seulement, nous rentrâmes à la maison nous occupant à réparer, tant
bien que mal, les dommages causés par la bombe allemande, obstruant notamment
les fenêtres béantes à l'aide de planches que nous clouions, ne sachant ce
que le lendemain allait nous apporter.
Cette nuit là, du 12 au 13 mai, fut calme.
Ne nous attendons pas sous le titre «Les combats» repris par le curé WAUTHY,
au récit de ces combats proprement dits, ce récit étant un autre propos dont
il n'est nullement question ici.
L'abbé WAUTHY s'attache plutôt aux conséquences de la bataille sur le plan
local. Voici son témoignage.
«Les combats.
Ils dureront toute la journée des mardi 14 mai, mercredi 15 et jeudi 16
jusqu'à midi. De l'aveu d'un chef allemand, c'est la première résistance
sérieuse depuis le début de l'invasion.
Les combats sont furieux, toutes les maisons sont atteintes par les obus.
L'église reçoit deux obus en plein et est très mal arrangée ; elle est
cependant réparable. Tous les vitraux sont brisés par la mitraille et les
balles de mitrailleuses. On se bat de maison à maison et de rue à rue. Les
avions déversent des tonnes d'explosifs : il n'y a pas 100 m2 qui ne renferment
un ou plusieurs trous d'obus. Les cadavres français et allemands jonchent les
rues et se mêlent à 152 cadavres de vaches et de chevaux tués pendant les
combats. C'est un spectacle lamentable que corse le tableau des ruines. Environ
1.400 soldats et officiers français sont parmi les morts. (Les pertes
françaises n'ont jamais pu être dénombrées). Les assaillants sont beaucoup
plus nombreux, car on estime leur perte à 5.000 hommes. (Les morts allemands
furent regroupés au cimetière allemand du Bois de Buis à Grand-Leez où l'on
comptait un peu plus de 600 tombes mais à Grand-Leez, il n'y avait pas que les
Allemands tombés à Gembloux (Ernage), y avaient été ramenés les soldats
tués sur d'autres champs de bataille. L'on était donc loin des 5.000 cités
par l'abbé WAUTHY). Les deux armées enlèvent leurs cadavres; il ne reste
guère que 74 Français et trois douzaines d'Allemands retrouvés dans les
campagnes après les passages des combattants. Parmi les 17 habitants qui
refusèrent de quitter leur demeure malgré l'ordre français, trois furent
tués par les bombardements. Si toute la population était restée chez elle ;
on aurait eu à déplorer la mort des deux tiers des paroissiens sans aucun
doute.
Le 28 mai, le roi et l'armée belge capitulent. A cette nouvelle, tous les
Ernageois s'efforcent de rentrer chez eux, mais ceux-là reviennent les premiers
qui n'ont pu aller bien loin, tandis que ceux qui disposaient de moyens plus
rapides sont allés jusqu'au midi de la France et n'ont pu revoir leur foyer
qu'après des mois d'absence. C'est ainsi que certains rentrèrent à Ernage
après huit jours d'absence et d'autres ne purent rentrer qu'après quatre mois
de séjour forcé en France. Il va sans dire que toutes les habitations avaient
été pillées de fond en comble et surtout celles dont les habitants étaient
restés plus longtemps en exil. La France, victime de son front populaire, ne
fut pas toujours très accueillante pour les Belges réfugiés et
particulièrement pour les prêtres, les religieux et les religieuses en qui ils
voyaient des espions à la solde de l'Allemagne ; beaucoup de réfugiés, outre
la torture des bombardements, subirent un long et pénible calvaire. Rentré
chez soi, chacun se mit en besogne de réparer les dégâts de la guerre. J'ai
fait réparer les vitraux pour 5.000 francs qui furent payés par les «dommages
de guerre» ainsi que la réparation de la toiture et de la voûte de l'église.
Le presbytère avait moins souffert. Les réparations furent menées assez
rondement ; la grosse difficulté fut de réparer les fenêtres auxquelles il
manquait 98 carreaux. Ces désastres n'ont pas ramené davantage les paroissiens
à l'accomplissement de leurs devoirs religieux, tant il est vrai de dire que la
guerre rend meilleurs les bons et aigrit davantage les indifférents.
Septante et un morts français dorment maintenant leur dernier sommeil à
l'ombre de notre vieux clocher, témoin qui, depuis neuf siècles, s'est
habitué, impassible, à toutes ces scènes d'horreur et de carnage».
Les années 40
Dans deux articles successifs, «L'homme est un loup pour l'homme» et «La
binaison», le curé WAUTHY déplore les effets néfastes de la guerre sur les
états d'âme et les agissements de certains de ses paroissiens. Si, dans le
premier article, son langage est encore empreint d'une certaine modération, ses
propos, en ce qui concerne la binaison sont plus incisifs.
La binaison était un avantage financier dont, semble-t-il, bénéficiaient les
curés de certaines paroisses. Elle n'avait, je pense, aucun caractère officiel
et son octroi dépendait de l'autorité communale. Elle fut supprimée à Ernage
en 1933 et, après l'invasion allemande de 1940, la Députation Permanente
s'oppose à sa réhabilitation.
Racontée par le curé WAUTHY, l'histoire de la livraison est l'objet d'une
critique haute en couleur, mais dont l'impétuosité n'a plus sa place dans nos
mentalités d'aujourd'hui.
«L'homme est un loup pour l'homme» par L. WAUTHY
«La guerre a été l'occasion de voir se déchaîner les bas instincts de
l'homme. Pendant l'exode, beaucoup d'Ernageois se sont distingués en France par
leurs vols dans des maisons abandonnées et, dans notre village, par le pillage
des habitations des paroissiens retenus dans le midi de la France.
Par contre, pendant les cinq ans d'occupation de notre pays par l'étranger, la
plupart de nos cultivateurs se sont signalés par une âpreté au gain
incroyable, oubliant complètement les droits les plus élémentaires à la
charité vis-à-vis des paroissiens d'Ernage. Les fortunes se sont déplacées
rapidement ; c'était la revanche de la terre ! Tout cela n'était pas de nature
à ramener la piété dans la paroisse qui a glissé de plus en plus vers
l'indifférence : «on ne peut pas servir deux maîtres à la fois : Dieu et
l'Argent».
—————————
Avant de revenir à l'histoire militaire : la libération de la Belgique et
d'Ernage, l'offensive allemande dans les Ardennes, le curé WAUTHY nous
racontera certains aménagements intervenus à l'église pendant la période
d'occupation allemande.
Il n'y eut pas, à l'église d'Ernage, pendant la guerre, que la restauration du
Chemin de la Croix et les fonts baptismaux ; il y eut, plus significatif et
beaucoup plus triste, en 1943, l'enlèvement de la grosse cloche.
L'abbé WAUTHY nous raconte les faits.
«Le chemin de la Croix restauré en novembre 1942.
Beaucoup de stations avaient été transpercées par les éclats de bombes. La
«Restauration Nationale» avait d'abord décidé de le restaurer mais, par la
suite, elle revint sur sa décision. Je ne pouvais le laisser dans cet état et
je décidai de le restaurer complètement, car les peintures étaient de
mauvaises copies de certains tableaux de maîtres. Il ne portait pas à la
pitié et certaines stations représentaient très mal la passion du Sauveur.
Cette transformation fut faite très heureusement par deux artistes (le texte de
l'abbé WAUTHY est souligné de deux points d'interrogation au crayon, ce qui
signifie qu'un lecteur de l'article, connaissant les tableaux restaurés du
Chemin de Croix, aurait mis en doute la qualité du travail. Quiconque nanti de
certaines connaissances en peinture peut se rendre compte de la pertinence ou
non de ces remarques) : Mr. CLART de Charleroi et Mr. LAURENT de Tamines pour la
somme de 4.100 francs qui me fut donnée par une collecte et des dons
particuliers.
Fonts baptismaux
De l'avis de l'autorité civile et religieuse, les fonts de baptême étant
rudimentaires et logés d'une façon peu décente dans une annexe de l'église,
j'ai décidé d'en placer de nouveaux dans l'intérieur de l'église. La pierre
de taille et le grillage en fer forgé, ce dernier étant fourni à peu près
gratuitement par un ancien paroissien d'Ernage, Mr. Robert BRABANT, ferronnier
d'art à Charleroi, représentent une somme de 6.000 francs qui furent couverts
par des dons particuliers.
J'ai décidé également de placer un nouveau bénitier sur colonne en pierre de
taille et de placer également une colonne sous l'ancien bénitier conservé
comme antiquité. Le travail coûta 2.000 francs et fut payé aussi par les
paroissiens. Ces différentes pièces du mobilier de l'église furent placées
au mois de juillet 1943.
N.B. L'emplacement des fonts baptismaux dans une annexe de l'église était
conforme à la règle selon laquelle le chrétien, pour pouvoir entrer à
l'église, devait d'abord être baptisé.
Le curé WAUTHY, en faisant placer les nouveaux fonts baptismaux entre les deux
confessionnaux de la petite nef de gauche, côté autel de la Vierge, passait
outre la règle canonique. Il faut cependant reconnaître que l'ensemble de la
nouvelle fontaine en pierre de taille et du grillage en fer forgé qui
l'entourait avait belle allure.
Le curé HALLEUX fit enlever tout ça et replacer la fontaine en pierre de
taille face à l'autel de St. Barthélemy, où sa présence se justifie moins
encore qu'à l'endroit où le curé WAUTHY l'avait fait installer entourée par
le grillage en fer forgé.
Enlèvement de la grosse cloche
En 1943, l'autorité militaire allemande ayant réquisitionné les cloches par
une ordonnance du 19 décembre 1942, notre grosse cloche pesant 530 kgs, fondue
en 1822 par André VANDEN GEYEN de Louvain et dédiée à la Ste Vierge, nous
fut enlevée par la firme VAN CAMPENHOUT de Haren pour le compte des Allemands,
le 28 juillet 1943. Ce fut une journée de deuil pour la paroisse. Dès le 26,
au soir, les cloches sonnèrent à toute volée le soir pendant une heure et
tous les bons paroissiens et les bonnes paroissiennes réclamèrent l'honneur de
sonner quelques instants avant le départ de notre grosse cloche. La même
scène se reproduisit le lendemain matin de 8 à 9 heures. Bien des paroissiens
pleuraient chez eux pendant ces sonneries.
Une grande partie des Ernageois voulut assister à l'enlèvement de notre
cloche. Son départ eut lieu vers midi en présence de la gendarmerie allemande.
C'était un peu de notre âme et de notre vie paroissiale qui nous quittait pour
toujours. Depuis lors, nos services sont annoncés par la petite cloche seule
qui nous reste.»
Après avoir relaté les divers aménagements intervenus à l'église durant la
guerre, ainsi que le triste départ de la grosse cloche, l'abbé WAUTHY revient
aux événements militaires qui marquèrent, à Ernage et ailleurs, la fin de
cette guerre qui n'avait que trop duré. Lisons ce récit.
Libération de la Belgique.
Le 6 juin 1944, les armées alliées font un débarquement massif, en Normandie,
qui donna lieu à des combats d'un acharnement sans précédent. Deux mille
bateaux amenèrent, sans discontinuer, les troupes, les armes et les munitions.
La progression des alliés se fait lentement et au prix de grands sacrifices. Le
rythme s'accentue par la prise des grandes villes. Après avoir pratiqué une
brèche très sérieuse dans les lignes allemandes, les Américains foncent à
toute allure vers le nord de la Belgique, laissant derrière eux les tronçons
de l'armée allemande que le gros des troupes alliées fait prisonniers par
centaines de mille. Les tanks alliés sont signalés le 1er septembre 1944 à la
frontière belge, à Tournai, puis à Mons, à Charleroi et à Namur. Il y a
bien quelque résistance de ci, de là, mais elle est de courte durée et les
Allemands qui le peuvent battent en retraite, abandonnant tout en route.
Libération d'Ernage.
On signale les alliés à Fleurus, le 4 septembre ; ils ne sont qu'une pointe
avancée. Aussi, 600 Allemands casernés à Gembloux se portent à leur
rencontre. La bataille dure quelques heures et les alliés battent en retraite
en attendant du secours. Le 5 septembre, une vingtaine de chars alliés arrivent
à Chastre et poussent vers Gembloux où les Allemands se sont regroupés. Ils
reculent à Chastre et minent la grand-route à la sortie d'Ernage, en attendant
du renfort. Les Allemands s'installent à l'entrée du village avec une batterie
de quatre canons. Ce sont des S.S. très méchants. Au début de la soirée du 5
septembre, ils se replient sur Gembloux et, toute la nuit, les troupes de
Gembloux évacuent vers les Ardennes. Le 6 septembre, au matin, nous étions
libres sans le savoir. Quel soupir de soulagement et quelles actions de grâce
nous devons rendre à Dieu et à Notre Dame, car toute la Belgique fut ainsi
libérée à peu près sans combattre et sans effusion de sang.
Retour offensif dans les Ardennes.
Le 18 décembre 1944, le général Von Rundstet rentre à nouveau en Belgique
par les Ardennes. Ce fut un nouveau jour de deuil et massacre pour les paisibles
populations. Les alliés sont surpris par cette brusque offensive. Nous voyons
à nouveau des charrois innombrables passer à Ernage du 23 au 26 décembre afin
d'arrêter cette poussée formidable qui les amène jusqu'à la Meuse à Dinant.
Les Allemands y sont arrêtés et des combats furieux s'engagent coûtant la vie
à 40.000 soldats alliés. Les Allemands y laissent 100.000 en tués, blessés
et prisonniers mais que de dévastations et de morts parmi les civils.
Rochefort, Laroche, Houffalize et quantité de petits villages sont entièrement
rasés. On compte, dans les Ardennes, 189 localités sinistrées; 1.141 civils
tués, 156 églises endommagées, 117 presbytères détruits. Tel est le bilan
de cette dernière offensive allemande en Belgique qui dura entre 7 et 30 jours.
Ernage n'a souffert que de la destruction systématique des ponts du chemin de
fer par l'armée allemande avant son départ définitif. Environ 50 maisons ont
été détruites partiellement et les unes totalement par ces destructions à la
dynamite.
Revenant à la relation, par l'abbé WAUTHY, des événements qui marquèrent la
fin de l'occupation allemande, j'ai pensé pouvoir ajouter quelques précisions
notamment en ce qui concerne les circonstances qui ont entouré la libération
d'Ernage et ce dans la mesure où, en ce qui concerne la journée du 5 septembre
1944, le récit de l'abbé étant assez confus, il m'est difficile de le
coordonner avec mes propres souvenirs que voici
Ce jour-là, vers midi, papa rentrait à la maison, revenant de Perbais où il
était allé voir le détachement de chars américains d'avant garde dont fait
état l'abbé WAUTHY. Pour nous taquiner, Robert et moi, il sortit de sa poche
quelques cigarettes reçues d'un tankiste du détachement. Ne sachant d'où il
tenait l'information de l'arrivée des Américains à Perbais, je lui en voulus
de ne nous avoir pas prévenus, mon frère et moi. En fait, ne nous trouvant pas
dans les parages au moment où il apprit la nouvelle et, empressé de découvrir
nos libérateurs, papa s'était dit : «Tant pis pour eux ; ils auront bien
l'occasion de les voir». Robert et moi avalâmes rapidement quelques bouchées
du dîner que maman avait préparé et, en moins de temps qu'il n'en faut pour
l'écrire, nous rejoignîmes, à bout de souffle, Perbais où quelques jeunes
Ernageois nous avaient précédés. En fait de char américain, il n'y avait
plus là qu'une spectaculaire auto blindée découverte qui stationnait,
attendant je ne sais quoi. Je me souviens avoir été fort impressionné par les
six roues à pneus de caoutchouc plein ; quatre ou cinq soldats en armes mais
complètement détendus y discutaient allégrement, tandis qu'un soldat allemand
blessé au bras était assis à même le plancher. Lorsque l'auto blindée
s'ébranla, nous fûmes nombreux à l'accompagner. Elle roulait au pas d'homme
manifestement pour nous permettre de la suivre, tant notre enthousiasme était
chaleureux vis-à-vis de ces Américains.. A un moment donné, l'un d'entre-eux
présenta gentiment une cigarette à l'Allemand blessé, mais celui-ci la
refusa. Il était plus de 17 heures lorsque nous quittâmes le convoi qui
arrivait à Marbais. Robert et moi décidâmes de rentrer à la maison ; nous
n'étions d'ailleurs pas les seuls. Nous voyant enfourcher nos vélos, les
Américains nous faisaient de grands signes de la main. «Au revoir». Ni les
uns, ni les autres ne nous doutions alors que cet au revoir était, en fait, un
adieu sans espoir de retour. Lorsqu'ils étaient arrivés à Perbais dans le
courant de la matinée, les Américains y avaient été accueillis par des
membres de la «Résistance» dont Albert DROUART de Sauvenière, Georges Balza
et Joseph Defrenne d'Ernage qui les avaient notamment renseignés sur certains
mouvements de repli allemands. A l'exception de l'automitrailleuse restée en
arrière avec les prisonniers allemands et que nous accompagnâmes
l'après-midi, les autres blindés américains, guidés par nos résistants,
prirent la direction de la nationale 4 où ils s'engagèrent vers Wavre.
Arrivés à hauteur du «Bois de Lauselle» un peu avant le lieu dit «Les
Hayettes», ils stoppèrent et, descendant sans doute d'un blindé américain,
Albert DROUART et Georges BALZA dévalèrent le talus indiquant aux autres le
bois où ils savaient un groupe allemand retranché. Mais, à peine avaient-ils
fait quelques pas que ces Allemands ouvraient le feu, tuant Albert DROUART et
blessant mortellement Georges BALZA. Un monument érigé à l'endroit où ils
tombèrent rappelle le sacrifice des deux «résistants».
Etait rare, à l'époque de la libération, le jour où ne se passait pas
quelqu'événement sensationnel, comme cette après-midi où un soldat allemand
isolé, battant en retraite, circulait dans le sentier qui va de l'ancienne
station de chemin de fer d'Ernage pour déboucher rue Augustin Romain au pignon
de l'ancienne maison de monsieur et madame LALEMAND. Sans doute, l'Allemand
avait-il été repéré par l'un ou l'autre membre de la «résistance» lorsque
retentirent des coups de feu qui se rapprochaient. Tandis que mes parents et
grands-parents apeurés se réfugiaient dans l'abri construit au fond du jardin,
mon frère et moi, n'ayant plus le temps de les y rejoindre, nous sauvions dans
la cave à la maison, jusqu'au moment où nous entendîmes quelqu'un courir sur
le trottoir en bordure du jardin. L'incident avait pris fin, mais lorsque nous
retrouvâmes, en rue, des voisins qui le commentaient, certains reprochaient
amèrement à la «résistance» de l'avoir provoqué sans se soucier des
conséquences inimaginables qu'il eût pu entraîner en raison de la présence,
cette après-midi-là, d'une compagnie allemande de S.S. stationnée dans les
prés VANDENENDE, aujourd'hui CAP.
Le dimanche qui précéda ces événements, nous assistions à la grand-messe,
lorsque nous entendîmes des chasseurs alliés évoluer dans le ciel. Soudain,
s'abattit sur le toit de l'église le fracas de la chute de douilles de
violentes rafales de mitrailleuses, tandis que les chasseurs alliés, passant au
ras des toits s'en prenaient à une colonne allemande en retraite sur la
grand-route. C'était la fin du cauchemar ; le moment de panique fut de courte
durée à l'église où chacun était conscient de la nature de l'incident
auquel il venait d'assister. Et de nous empresser, après la messe, à la
grand-route pour y constater les dégâts. C'était effectivement la débandade
d'une longue colonne allemande utilisant notamment, pour se replier, les moyens
les plus rudimentaires, tels que des chevaux réquisitionnés un peu partout. Un
cheval était éventré, dont les entrailles pendaient au grand air. Un Allemand
n'eut d'autre solution que de l'abattre sous nos yeux, loin de se douter que,
l'après-midi même, le cadavre de l'animal allait faire le régal des Ernageois
toujours rationnés en alimentation. Le cheval fut effectivement débité et
distribué à quiconque par un boucher qui habitait rue Eugène Delvaux, mais
dont j'ai oublié le nom. Cette après-midi-là, une dame était venue en quête
de son morceau de viande. Comme, à son gré, elle devait attendre trop
longtemps son tour d'être servie, sans ménagement elle s'empara d'une épaule
que le boucher venait de détacher du corps de la bête et, se la chargeant sur
le dos, elle s'en fut chez elle préparer le souper.
Voici, par le curé WAUTHY, le récit de l'installation de la nouvelle cloche
qui, après la libération, remplaça celle que le Allemands nous avaient
volée.
Achat d'une nouvelle cloche.
Dès le lendemain de la libération, le premier souci du curé fut de remettre
une nouvelle cloche pour remplacer celle que les Allemands nous avait enlevée
sans esprit de retour. Il comprit que le moment était bien choisi.
1. l'ennui d'une seule cloche restante pour les solennités comme pour les
messes basses.
2. l'afflux de l'argent gagné par un grand nombre de paroissiens pendant les
cinq année de guerre.
3. certains dons reçus à l'avance par de bons chrétiens pour avoir échappé
aux terribles dangers de la guerre et dont la destination indiquée était
l'achat d'une nouvelle cloche.
Aussi, le curé n'hésita pas à annoncer qu'une collecte serait faite à
domicile pour acheter une nouvelle cloche. Cette collecte très sympathique
augmentée des dons particuliers remis à Mr. le curé rapporta la somme de
48.500 francs nécessaire pour acheter une cloche de 300 kgs qui s'harmoniserait
bien avec celle de 330 kgs que les Allemands nous avaient laissée. En effet,
pour que deux cloches s'harmonisent, il faut entre elles une différence d'un
ton et, mieux encore, d'un ton et demi. Or, la cloche de 330 kgs restante donne
le si et la nouvelle donne le ré supérieur, c'est à dire un ton et demi. Elle
fut fournie par la fonderie SLEGERS-CANSARD de Tellin. Ce fut la première
cloche bénite depuis la libération de la Belgique et obtenue par un tour de
faveur extraordinaire grâce aux bons et anciens rapports qui liaient le curé
d'Ernage avec la famille SLEGERS de Tellin. En effet, cette cloche avait été
fondue et destinée à la république américaine de Colombie. Le 9 mai 1940,
elle était sur wagon à la gare de Grupont prête, à entreprendre son long
voyage. Le 10 mai, les Allemand envahirent la Belgique et Mr. SLEGERS la fit
reprendre à la gare de Grupont ; il la cacha chez lui les cinq ans que dura la
guerre. C'est elle qui nous fut donnée pour venir tenir compagnie à celle que
la tourmente nous avait laissée. Le baptême de cette cloche eut lieu à
Ernage, le 3 juin 1945. Elle fut dédiée à la mère de Dieu comme sa
devancière. Cette cloche eut comme parrain et marraine les deux plus généreux
donateurs : monsieur Joseph MAUFORT, bourgmestre et mademoiselle Mathilde
DUJARDIN, échevin de la commune. Monseigneur l'Evêque étant empêché de
présider cette cérémonie nous désigna son Vicaire Général, monsieur le
Chanoine KOERPERICH pour le remplacer. Toutefois, comme c'était la première
cloche bénite dans son diocèse depuis le début de la guerre, Monseigneur
obtint du nonce apostolique de Bruxelles l'autorisation d'utiliser la grande
bénédiction réservée à l'évêque seul. La cérémonie eut lieu le dimanche
3 juin à 3 heures de l'après-midi au milieu d'un grand concours de fidèles et
de la fanfare St Barthélemy. Toute l'assistance vint chercher et ramener le
délégué de l'Evêque au presbytère.. La cérémonie fut réussie en tout
point : les parrain et marraine furent d'une très grande générosité
vis-à-vis des enfants ; tous les paroissiens, après le clergé, voulurent tous
sonner la nouvelle cloche installée dans le choeur pour la bénédiction. Pour
terminer cette magnifique cérémonie, un lunch réunit au presbytère le
Vicaire Général, le clergé et les parrain et marraine. Là aussi, tout fut
parfait pour mettre les conversations au diapason de la réussite de la fête
religieuse.
La cloche fut installée, pour sonner la première fois, à l'occasion de la
fête du Sacré Coeur de Jésus, le 8 juin. L'ancienne cloche, ayant sonné
pendant 125 ans, était creusée profondément aux deux endroits frappés par le
battant. La cloche fut tournée d'un quart de tour et ainsi elle frappait à un
endroit neuf qui n'avait jamais été touchée par le battant, de sorte que nous
n'avions pas une mais deux nouvelles cloches. Toute la population est heureuse
et fière d'entendre notre nouvelle sonnerie qui, en réalité, est de toute
beauté. Ci-joint, une photo représentant notre nouvelle cloche parée pour son
baptême (1). En terminant la narration de cette magnifique cérémonie, voici
la liste des principaux donateurs de la nouvelle cloche, dont les noms méritent
de passer à la postérité (2).
(1) N'ayant pu assister aux cérémonies au cours de la journée, je m'empressai
en début de soirée, à l'église où je réalisai la photo en question, en
pose et à partir de la chaire de vérité qui, depuis, a été enlevée. Il
n'est pas possible de détacher la photo du «Liber Mémorialis» pour la
reproduire dans l'R NA JOIE.
(2) Dans la mesure où l'abbé WAUTHY spécifie que les noms des donateurs
méritent de passer à la postérité et, à fortiori, tous ces donateurs sont
décédés, je pense qu'aucun scrupule ne se justifiait et ne pouvait empêcher
la publication de leur nom.
Voici la liste des Ernageois qui participèrent au financement de la nouvelle
cloche qui fut baptisée à l'église, le 3 juin 1945.
Melle Mathilde DUJARDIN 10.000 Fr - Famille MONFORT 5.000 Fr - Jules THILS 1.000
Fr - Joseph CHAMPAGNE-DELVAUX 1.000 Fr - Gustave HAIRSONT 1.000 Fr - F. et S.
GOOSSENS 1.000 Fr - Joseph HAUBRUGE 1.000 Fr - Vicomtesse le HARDY de BEAULIEU
1.000Fr - Louis MATHY 1.000 Fr - L'abbé NOEL 500 Fr - Camille NOEL 500 Fr -
Georges REGNER 500 Fr - Sylvain LENEZ 500 Fr - Joseph STOQUART 500 Fr -
Charles GOOSSENS 500 Fr - Clément VANDERBIST 500 Fr - Emile CHAMPAGNE 500 Fr -
Clément BASSINNE-BOUVIER 500 Fr - Famille Louis DENIS 500 Fr - Gustave BRABANT
500 Fr - Charles LABARRE 500 Fr - Augustin DESTAIN 500 Fr - Veuve MAILLIEN 500
Fr - Charles DEFRENNE 500 Fr - Séraphin ROMAIN 200 Fr - Théophile SQUIFFLET
200 Fr - Augusta BOSMAN 200 Fr - François JONCKERS 250 Fr - Mme HENRICOT 200 Fr
- Vve Alfred DEHOUX 200 Fr - Alfred HENRY 200 Fr - Roger BASSINNE 200 Fr - Mme
LECLERCQ 300 Fr - Constantin TREMOUROUX 300 Fr - Albert DENIS 200 Fr - Victor
SOMVILLE 200 Fr - Max CHAMPAGNE 1.000 Fr - Bertha DEPREZ 600 Fr - Irma DEBROUX
200 Fr - Auguste GERMAIN 250 Fr - Famille FERON 250 Fr - Eva MARITZ 275 Fr -
Alvina HENRY 300 Fr - Ernest LANNEAU 300 Fr - Pierre GILAIN 150 Fr -TOTAL DE
CETTE LISTE 35.725 Fr
Le reste de la somme, soit 12.775 francs a été donné par des bourses plus
modestes qui n'en étaient parfois que plus méritoires. La somme de 48.500
francs a été donnée par les habitants d'Ernage, sans aucun secours de
l'étranger. Que Dieu les récompense.
Les cérémonies de l'installation de la nouvelle cloche furent pratiquement les
dernières du ministère du curé WAUTHY dans notre paroisse et leur récit fut
le tout dernier témoignage du «LIBER MEMORIALIS».
Peu de temps après, l'abbé WAUTHY tombait malade ; il donnait l'impression
d'être très fatigué ; il s'épuisait. Néanmoins, il s'efforçait, et Dieu
sait au prix de quel sacrifice, de continuer à célébrer la messe.
Le voir gravir les marches de l'autel en titubant faisant vraiment pitié, mais
son voeu le plus cher n'était-il pas précisément de mourir à l'autel ? C'est
assurément dans ces pénibles conditions qu'il écrivit ses derniers articles
du «LIBER MEMORIALIS» car, non seulement son écriture y est saccadée,
irrégulière, mais son analyse manque parfois de concentration. Il s'éteignit
le 12 janvier 1947 ; c'est émouvant d'y penser un demi siècle plus tard.
Avec l'abbé WAUTHY prit donc fin la rédaction du «LIBER MEMORIALIS». Ni
l'abbé RENSON, ni l'abbé HALLEUX, qui lui succédèrent, du moins en tant que
curé de la paroisse, ne prirent la peine de continuer la tradition. On peut le
regretter.
En compulsant dans ce «LIBER MEMORIALIS» les articles de notre vieux curé,
j'ai ressenti une vive émotion parce que, d'une part, l'abbé WAUTHY et
moi-même avons été des contemporains et parce que, d'autre part, nonobstant
la différence d'âge, existèrent entre nous des affinités dont les racines me
sont restées profondément ancrées dans le coeur et dans la mémoire.